Les enfants qui ont marqué la Révolution française.

Par Aïda B.
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1) François Joseph Bara, ou Barra, né le 30 juillet 1779 au château de Palaiseau, mort, le 7 décembre 1793, à Jallais, près de Cholet, est un héros légendaire de la Révolution française.



Neuvième d’une famille de dix enfants, Joseph Bara est le fils de François Bara, garde-chasse du prince de Condé, et de Marie-Anne Le Roy.
Joseph Bara est un jeune volontaire tué lors de l’attaque de Jallais par les Vendéens à l’âge de 14 ans. L’adolescent ayant demandé à l’automne 1792 à entrer dans la division de Bressuire, commandée par l’adjudant-général Desmares, ce dernier envoie un rapport au ministère de la Guerre sur la conduite généreuse du garçon et demande à la Convention de secourir sa famille, très pauvre. Selon lui, engagé volontaire au 8e de hussards comme tambour dans les troupes républicaines combattant en Vendée, il aurait partagé toutes les fatigues et tous les dangers de la guerre. Le jeune Bara est frappé au front d’un coup de sabre dans la mêlée, où il tombe et meurt en pressant la cocarde tricolore sur son cœur. Une mort héroïque, pour un enfant d’un âge ordinairement insouciant et consacré au jeu, que le général Desmares décide d’en donner avis à la Convention.

Pour Jean-Clément Martin, le général Desmares cherche, en mettant l’accent sur la mort de l’enfant, transformé en héros et en martyr républicain, à faire oublier la médiocrité de son commandement, ce qui ne l’empêche pas de finir sur l’échafaud.

L’exemple de Bara semblant de nature à exciter le patriotisme et le civisme parmi la jeunesse, son histoire est citée dans les recueils d’actions héroïques, à la suite du jeune Joseph Agricol Viala qui s’était lui aussi sacrifié pour la patrie quelques mois auparavant.

Robespierre, désireux de tirer profit de cette histoire, propose à la tribune de la Convention de « décerner les honneurs » du Panthéon au jeune héros. Barère surenchérit en demandant « que la gravure qui » doit représenter « l’action héroïque et la piété filiale de Joseph Barra, de Palaiseau », soit faite « aux frais de la République, et envoyée par la Convention nationale dans toutes les écoles primaires ».

La Convention décide que la patrie adopte la mère de Bara. Cette pauvre femme est admise avec deux de ses enfants dans l’enceinte de l’Assemblée et prend place quelques instants à côté du président, alors Prieur de la Côte-d’Or.

Impulsé par la propagande officielle, son culte se développe parmi la jeunesse, qui l’associe aux autres martyrs lors des fêtes civiques. Une grande fête nationale doit célébrer les figures de Bara et de Viala (voir ci-dessous) ; elle est empêchée à Paris, mais non en province. Ainsi, à Besançon, un éloge est présenté en l’honneur de Joseph Bara et de Joseph Agricol Viala en l’église Sainte-Madeleine
Le transfert au Panthéon n’aura jamais lieu, mais les artistes de la Révolution française ne tardent pas à exploiter l’épisode : Bara inspire à de nombreux auteurs des chansons, des poèmes, des hymnes et des pièces de théâtre. André Grétry en fait un opéra ; le Théâtre-Français donne aussi l’Apothéose du jeune Barra. La mort de Bara est immortalisée en peinture par David et dans le Chant du départ par Chénier. Des décennies plus tard, David d’Angers réalise une statue de Joseph Bara pour l’exposition de 1839. En 1881, Louis Albert-Lefeuvre en fait une statue pour la ville de Palaiseau. En 1883, Jean-Joseph Weerts peint La Mort de Bara, tableau conservé au Musée d’Orsay.

La légende qui se développe alors explique que, le 7 décembre 1793, Bara est pris à partie près de Cholet par des Chouans. Contraint de crier « Vive le Roi ! ». Joseph Bara préfère mourir en criant « Vive la République ! » avant de tomber sous les balles royalistes. Très présente dans l’imagerie républicaine, elle reparaît dans les manuels scolaires de la Troisième République.

Un autre enfant-soldat, Pierre Bayle, mort en 1794 à l’âge de 11 ans, n’a pas eu la même fortune. Son promoteur le général Dugommier qui commandait l’Armée des Pyrénées orientales en Catalogne, est lui-même mort au combat peu de temps après.

Rue Joseph-Bara

Au moins une trentaine de communes françaises ont une rue, une avenue, un boulevard ou une impasse appelée Joseph-Bara. Il y a par exemple une rue Joseph-Bara à Paris, entre la rue d’Assas et la rue Notre-Dame-des-Champs, dans le 6e arrondissement. Son nom a également été donné à de nombreux collèges et écoles.



2) Joseph Agricol Viala, né le 22 septembre 1780 à Avignon et mort à 12 ans, le 6 juillet 1793 à Caumont-sur-Durance (Vaucluse) est une figure de la Révolution française.

Viala habite Avignon quand, en 1793, éclate dans le Midi une insurrection fédéraliste,

À la nouvelle de l’approche des insurgés marseillais, au début de juillet 1793, les républicains, principalement ceux d’Avignon, se réunissent pour interdire le franchissement de la Durance. Viala se joint aux gardes nationaux avignonnais. En infériorité numérique, la seule solution est de couper, sous le feu des insurgés. Pour cela, il faut traverser une chaussée entièrement exposée à la mousqueterie des rebelles, et derrière laquelle les républicains se sont retranchés. Les républicains hésitent néanmoins, jugeant l’opération périlleuse.

Selon les récits consacrés à l’événement, Viala, alors âgé de treize ans, s’élance vers le câble et l’attaque à coups d’une hache dont il s’est emparé. Plusieurs décharges de mousqueterie sont dirigées contre lui. Atteint d’une balle, il est mortellement blessé.

La tentative de Viala n’empêche pas les insurgés de passer la Durance. Toutefois, elle permet aux républicains d’opérer une retraite, sans pouvoir emmener le corps de l’enfant. Un de ses camarades, qui aurait recueilli ses dernières paroles, essaie, selon la tradition, de ramener son corps, mais il doit reculer devant les royalistes qui s’avançaient. Ceux-ci, traversant la Durance, auraient insulté et mutilé le cadavre de Viala, avant de le précipiter dans la rivière. Apprenant la mort de son fils, la mère de Viala aurait dit : « Oui, il est mort pour la patrie ! ».

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Viala est, avec Bara, l’une des plus connues des figures de héros-enfants de la Révolution française, mais à un degré moindre, car plus tardive. L »assemblée vote les honneurs du Panthéon mais la cérémonie parisienne n’aura jamais lieu. Toutefois, un Précis historique sur Agricol Viala est publié ce qui contribue à populariser sa figure. À Avignon, une fête civique est organisée le 18 juillet en l’honneur de Bara et Viala.Une gravure représentant ses traits est distribuée dans toutes les Écoles primaires.

Noms gravés sous l’arc de triomphe de l’Étoile : pilier Est, 17e et 18e colonnes.
Il fait partie des 660 personnalités à avoir son nom gravé sous l’Arc de triomphe de l’Étoile. Il apparaît sur la 18e colonne (l’Arc indique VIALA).

Dans le cadre de la lutte des mémoires entre les républicains et leurs adversaires, les érudits locaux hostiles à la Révolution ont tenté d’établir que l’enfant aurait provoqué les insurgés par des gestes grossiers. À travers Viala, c’est, semble-t-il, surtout son oncle, « l’homme rouge », qui aurait été visé1.

En 1822, le sculpteur Antoine Allier a réalisé un monument grandeur nature en bronze, représentant Joseph Agricol Viala nu renversé, la main droite posée sur une hache, le bras gauche agrippé à un poteau avec anneau et morceau de corde. Suite à un don du Musée du Louvre au musée de la ville, il a été érigé place Gustave-Charpentier, dans le faubourg de Boulogne-sur-Mer, en juin 1993.

Sous la Troisième République, l’historiographie et la littérature scolaire contribuent au retour des figures de Viala et de Bara.

La rue Viala, dans le XVe arrondissement de Paris, porte son nom.

3) Gavroche, le petit avec un grand esprit.

On ne peut s’empêcher de penser aussi à Gavroche, personnage fictif bien sûr, du chef d’œuvre de Victor Hugo »Les Misérables », qui a lieu pendant la Révolution française. Il décrit les conditions de la vie difficiles des Parisiens. Beaucoup  habitent la rue. Les personnages du livre illustrent la lutte entre les classes sociales. Un personnage de cette histoire intéressante est le jeune garçon, Gavroche, gamin des rues qui se moque de l’autorité.
Fils de la cruelle famille Thénardier, Gavroche est jeté dans la rue. Il y habite seul, sans argent, sans abri, et sans nourriture. Il doit voler pour manger. Heureusement, cette façon de vie n’inquiète pas le garçon. Il aime être libre. Sa famille est désormais l’armée révolutionnaire. Il les aide sur les barricades et adopte les grandes idées de la Révolution comme « liberté, égalité, et fraternité. »
Gavroche meurt frappé par les balles des soldats du gouvernement.