L’Homme qui ment de Marc Lavoine

Par Sid-Ahmed Bachiri
Modifié le
Lecture: 5 minutes
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Editions Fayard
L’Homme qui ment



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J’avais lu il y a déjà quelques années, une interview de Marc Lavoine dans laquelle il faisait allusion à ce livre qu’il était en train d’écrire à l’époque, et dont il disait :« J’écris un livre sur mon père qui s’appellera sans doute Le Roman d’un enjoliveur ! ».

 

Cette autobiographie romancée, sortie il y a tout juste un an aux Editions Fayard et déjà tirée à 90 000 exemplaires s’appellera en réalité « L’Homme qui ment ». 

 

Ce qui n’est pas un hasard car même si les verbes « mentir » et  « enjoliver » ont parfois des significations qui se rejoignent, ils ne sont pas exactement synonymes. Loin s’en faut ! Car si on enjolive pour « faire joli », un mensonge est rarement joli … Surtout lorsqu’il est démasqué.

 

« L’Homme qui ment » est une autobiographie romancée qui connait un franc succès.

Pourquoi ce titre ? Et qui est cet « Homme qui ment »?

 

C’est Lucien, le père de Marc, employé aux PTT alors qu’il aurait voulu être médecin (mais c’était «plus pratique» étant donné la conjoncture d’après-guerre), il a fait la guerre d’Algérie un peu contre son gré, et est un communiste engagé mais c’est surtout un incorrigible coureur de jupons qui du coup passe sa vie à mentir à sa femme.

 

La scène initiale du roman: c’est l’enterrement de Lucien. 

Marc et son frère Francis sont aux côtés de leur mère Michelle, effondrée… et l’une des maîtresses de Lucien est elle-aussi présente aux obsèques…

Voilà le ton est donné.

Michelle, la mère est la secrétaire toujours triste qui espérait que son deuxième enfant soit une fille …mais ce fut Marc «Je suis un garçon, maman, il faudra faire avec.. » .

Michelle est et restera quoiqu’il advienne amoureuse de Lucien en dépit des infidélités de ce dernier et de ses mensonges à répétition… Il est vrai que Lucien peut se révéler très séduisant: pétri de convictions profondes, il emmène ses fils la nuit coller des affiches du Parti, leur raconte la façon dont il a frôlé la mort pendant la guerre d’Algérie sauvé par un soldat du camp adverse, c’est un rêveur aussi il pense que la vie doit être une fête…

Malheureusement il ne se gêne pas pour raconter tout naturellement aussi à ses fils ses aventures féminines qui mettent notre narrateur extrêmement mal à l’aise «Nous étions dans la confidence sans rien avoir demandé.

« Il nous poussait dans les bras de ses secrets comme  pour se justifier »  et cette situation déroutante donne au jeune Marc l’impression que ce père entraîne toute sa famille dans ce tourbillon qu’il ne maîtrise plus . « J’étais coincé, pris dans un piège, dans un courant trop fort pour le remonter […] Quand on brise le cœur de quelqu’un, on en brise toujours plusieurs à la fois, c’est ça la vie, un magasin de porcelaine » …



S’ensuit toute une série d’expériences mêlées aux sentiments qu’elles induisent. Expériences d’enfant puis d’adolescent …

Nous assistons au déménagement pour aller habiter cette grande maison de la rue des Acacias (à laquelle il fait aussi allusion dans l’une de ses chansons) près de chez ses grands-parents dans le quartier chic de cette banlieue parisienne, à ses premiers émois amoureux («Elles me demandaient : « laquelle de nous trois tu aimes ? […] Je les aimais toutes pour des raisons différentes, elles constituaient à elles trois la femme idéale et je ne savais pas choisir, ou plutôt je ne voulais pas. Le monde des femmes me convenait très bien. »), à ses échecs scolaires (il abandonnera les études à 16 ans), à la mort de son grand-père (épisode pendant lequel Marc prendra Lucien « en flag’ » avec l’une de ses conquêtes dans un recoin de la maison familiale).

 

Bref c’est la vie quotidienne avec son lot de joies et de peines et le fil du temps qui se déroule petit à petit.

Le ton est simple, les mots aussi ; simples mais précis chaque mot faisant sens.

C’est comme si cet adolescent nous parlait, comme s’il nous confiait tous ses secrets …

J’ignore si ce livre m’a autant émue parce que nous sommes nés lui et moi la même année, que nous avons donc tous les deux vécus l’Histoire de la France de ces années-là, je doute que cela ne soit dû qu’à cela.

Dans une interview pour l’hebdomadaire « Pleine Vie » en février dernier, Marc Lavoine confiait: « Je sais que j’ai une réputation de dragueur à cause de mon rôle dans Le Cœur des hommes. Ce qui est amusant, c’est qu’en jouant Alex, je me suis tout le temps inspiré de Lulu. [NDR : son père] Lui, il tombait les filles, mais moi, j’étais un jeune homme mal dans sa peau et la drague, la séduction n’avaient rien d’évident ! »

D’ailleurs, les frasques de son père semblent avoir laissé chez lui une sorte de traumatisme:

« J’ai pris le contre-pied de mon père qui a fait de moi un être assez vieille France », poursuit-il. Il affirme même n’avoir jamais été du genre volage, y compris avant son mariage avec Sarah, la mère de trois de ses enfants, Yasmine, née le 22 janvier 1998, Roman, né le 26 mai 2007, et Milo, né le 29 juin 2010 (il est également le papa de Simon, 26 ans, fruit de son premier mariage avec Denise Pascale).

 

Quoi qu’il en soit je vous incite fortement à lire L’Homme qui ment car je reste persuadée que ce roman modifiera votre représentation du chanteur des « Yeux revolver », qui vous semblera tout à coup tellement fragile…. Je compte sur vous pour venir me donner votre sentiment…

 

Vous pouvez vous procurer L’Homme qui ment sur le site Amazon.fr et dans toutes les bonnes librairies.

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Crédit photo : Editions Fayard