La BD est Charlie

Par Sid-Ahmed Bachiri
Modifié le
Lecture: 4 minutes
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L'Obs
Je suis Charlie



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Il y a un peu plus d’un an la rédaction de Charlie Hebdo était décimée, point de départ d’une vague d’attentats qui fera 17 morts.

Il y aura un avant et un après 7 janvier, le monde entier a été choqué par cet acte ignoble visant un journal dont le seul tort aura été de toujours se battre pour le droit de rire et de débattre de tout.
En assassinant Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et six autres personnes dans la rédaction de l’hebdomadaire, les terroristes pensaient tuer Charlie.
Quatre jours plus tard, le 11 janvier, dans un élan jamais vu depuis la libération, des millions de personnes en France marchaient ensemble pour leur prouver qu’ils avaient tort, transformant le journal en symbole d’une lutte contre l’obscurantisme.

Des dizaine d’ouvrages sont sortis sur ce sujet, j’en ai choisi deux, différents dans le traitement.

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Serge Lehman au scénario et Gess au dessin reviennent sur ces événements, reprenant la chronologie de ce qui s’est passé mais aussi une enquête sur les petits faits étranges qui ont jalonné la tragédie : coïncidences, thèmes qui se répondent, personnages dédoublés, signes du ciel.

Il n’est évidement pas ici de la part des auteurs question de minimiser ce qui s’est passé mais plutôt d’essayer de trouver quelques rares motifs d’espoir dans cette terrifiante actualité.

Je ne savais pas trop quoi penser de ce petit livre quand je l’ai eu entre les mains, on a déjà tellement lu ou vu de reportages sur le sujet. Y avait-il un réel intérêt à revenir sur ce drame dans une bande dessinée ?

Et au final je me suis laissé porter par cette réflexion, cette mise en parallèle de petits détails qui se cachent derrière les faits bruts. Le scénario est ingénieux puisque l’auteur s’est mis en scène pour nous faire partager le cheminement qui l’a amené à écrire cette histoire de la sorte, c’est assez malin et cela enrichi le récit.

On n’est évidemment pas obligés d’être d’accord avec l’auteur qui tente de voir au travers de certains faits un dessein plus large.

Peut-être que ce ne sont que des hasards, de simples coïncidences, à chacun de se faire une idée à la lecture.
Le dessin de Gess est bien adapté au récit, pas besoin d’en faire des tonnes, le sujet est suffisamment dense et le noir et blanc se prête bien à l’exercice. Il permet de souligner les événements de manière sobre.

Loin d’être un livre qui profiterait de cette actualité, l’esprit du 11 janvier est une réflexion passionnante sur ce qui s’est passé pendant et après les attentats. Porté par un dessin tout en retenue, c’est un récit très intéressant qui explore les détails derrière la grande actualité, proposant une nouvelle lecture des faits.

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Les anthologies des dessins des disparus sont essentiels, bien plus que les livre parlant des attentats. Parce que bien avant d’être des victimes ils sont avant tout de formidable dessinateurs, qui ont su dans les pages de Charlie viser juste et s’emparer de tous les sujets.

 

Tignous était un des piliers de Charlie depuis de longues années, il avait par exemple couvert le procès d’Yvan Colonna pour le journal.
Il tapait juste avec ses dessins, sur les puissants, les politiques, les patrons voyous. Il savait aussi s’intéresser à tous les sujets, en témoigne un des ses derniers albums « Murs Murs » consacré à la vie de ceux qui vivent ou travaillent en prison.

 

Cette première anthologie contient plus de 200 dessins regroupés par sa compagne. Ils sont accompagnés de témoignages de camarades de combat, d’amis, de membres de la rédaction de Charlie.
Ces dessins cinglants sur la guerre, les patrons, la religion et tous les autres sujets vont terriblement nous manquer parce qu’il ne fallait pas beaucoup à Tignous pour viser juste, pour faire réagir. Un trait de feutre, un peu de couleur et le message passe, brut, direct.

Les éditions Chêne ont fait un très beau travail, les dessins sont reproduits en pleine page dans un super volume.

 

Cette anthologie est essentielle dans une bibliothèque, pour que les dessins de Tignous restent, pour que nous puissions les transmettre. Mais surtout pour se marrer, il n’y a pas besoin d’autre raison, les dessins sont drôles, percutants, efficaces.
Il faut lire Tignous !

 

Et vous quels est votre souvenir le plus marquant de Charlie Hebdo ?

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Crédits photos : Delcourt / Éditions du Chêne