Quand votre bébé n’arrête pas de pleurer

Par Myriam Dibayoko
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Tu passes tes journées (et tes nuits) à essayer de comprendre pourquoi ton bébé pleure ? Tu as tout tenté : la tétée, le rot, le câlin, la couche… mais les sanglots persistent. Et toi, tu te sens à bout. Rassure-toi : tu n’es pas seule. La maternité, ce n’est pas que des moments Instagrammables, c’est aussi des nuits sans sommeil, des doutes, des larmes (parfois les tiennes), et surtout : un apprentissage. Dans cet article, on t’aide à décoder les pleurs de ton bébé et à retrouver un peu de calme — dans ses bras, et dans ta tête.

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Pourquoi ton bébé pleure (vraiment)

Avant tout, il faut le redire : pleurer, c’est normal. C’est même le premier langage de ton bébé. C’est ainsi qu’il dit “j’ai faim”, “je suis fatigué”, ou juste “je veux un câlin”. Et parfois, il pleure sans raison apparente. Et c’est… normal aussi.

Les causes fréquentes des pleurs

Voici les raisons les plus courantes, à garder en tête (même à 3h du matin) :

  • Faim : Même s’il vient de manger, certains bébés ont besoin de téter pour se rassurer.
  • Fatigue : Un bébé qui a besoin de dormir… pleure pour ne pas dormir. C’est paradoxal, mais courant.
  • Couche sale : Même si ça ne sent rien. Parfois une simple humidité suffit à l’agacer.
  • Gaz ou coliques : Ventre dur, jambes repliées, cris stridents ? Bingo.
  • Trop de stimulations : Trop de monde, trop de bruit, trop de lumière… Certains bébés ont besoin de calme et d’obscurité.
  • Besoin de contact : Non, tu ne vas pas “l’habituer aux bras”. Tu le rassures, point.
  • Inconfort ou douleur : Body trop serré, petit pli dans la chaussette ou… une poussée dentaire précoce.

Petit à petit, tu vas reconnaître le “pleur de faim” du “pleur de fatigue”. Écoute sa voix, regarde son visage, ses mouvements. Tu vas devenir experte, promis.

Est-ce normal qu’il pleure autant ?

Oui, et non. Ce qui compte, c’est d’observer le contexte, la fréquence, la durée… et ton ressenti à toi. Certains bébés pleurent beaucoup pendant leurs premières semaines, surtout entre 17h et 22h (merci les fameuses “heures de décharge”).

Les fameuses coliques du nourrisson

Si ton bébé pleure plus de 3h par jour, plus de 3 jours par semaine, depuis plus de 3 semaines — il est peut-être en plein épisode de coliques. C’est frustrant (et épuisant), mais ça n’a rien à voir avec tes compétences de maman. C’est un phénomène fréquent, qui disparaît souvent autour du 3e ou 4e mois.

Et s’il ne réagit pas du tout ?

Un bébé trop calme, qui ne pleure pas, qui ne réagit ni à ta voix ni à tes gestes… ce n’est pas toujours un “bébé facile”. Cela peut être un signal d’alerte. S’il semble absent, indifférent ou trop mou, appelle ton pédiatre sans tarder.

⚠️ Ne secoue JAMAIS un bébé

Le syndrome du bébé secoué est une urgence médicale. Secouer un nourrisson, même “juste pour qu’il se taise”, peut entraîner des lésions cérébrales irréversibles, voire la mort. Chaque année, des bébés en meurent. Si tu sens que tu perds le contrôle, pose bébé dans son lit, en sécurité, et prends quelques minutes pour respirer. C’est vital, pour lui et pour toi.

Que faire quand rien ne marche ?

Tu as tout tenté, et ça ne suffit pas ? Voici une technique validée par des milliers de parents épuisés : les 5 “S” du Dr Harvey Karp, qui imitent l’environnement du ventre maternel.

Routine d’apaisement en 5 gestes (à tester un par un)

  • Swaddling (emmailloter) : emmitoufler bébé dans une couverture légère pour lui recréer un cocon.
  • Side or Stomach position (position sur le côté ou le ventre dans les bras) : toujours poser bébé sur le dos pour dormir, mais tu peux le tenir sur le côté ou sur ton avant-bras pour le calmer.
  • Shushing (bruit blanc) : sèche-cheveux, aspirateur, ventilateur ou simple “chuuuut” près de son oreille.
  • Swinging (balancement) : berce-le dans tes bras, promène-toi, ou mets-le dans un transat vibrant.
  • Sucking (succion) : tétine, sein, doigt propre… la succion apaise instantanément certains bébés.

Tu peux les combiner (ex : emmaillotage + bruit blanc + bercement). Ne te décourage pas si ça ne fonctionne pas du premier coup.

Et toi, dans tout ça ?

On parle souvent du bébé. Mais toi, maman, comment tu vas ? Parce qu’un nourrisson qui pleure sans cesse, c’est aussi un tsunami émotionnel pour les parents. Tu peux te sentir démunie, impuissante, en colère parfois… et c’est OK. Ce n’est pas que tu es une mauvaise mère, c’est que tu es une humaine épuisée. Et tu as besoin d’aide, de répit, de réconfort.

Quand tu touches à tes limites

  • Pose bébé en sécurité (dans son lit) et éloigne-toi quelques minutes si tu sens la colère monter.
  • Respire. Compte jusqu’à dix. Va boire un verre d’eau. Appelle une amie ou ton partenaire.
  • Souviens-toi : ton bébé ne te teste pas. Il a juste besoin d’être accompagné. Et toi aussi.

Tu n’as pas besoin d’être parfaite. Tu as besoin d’être présente — et pour ça, il faut que tu sois soutenue.

🧠 Baby blues ou dépression post-partum ?

Si tu te sens souvent triste, dépassée, vide, ou que tu n’éprouves plus d’émotion pour ton bébé… ce n’est pas « dans ta tête ». Ce peut être un trouble réel et courant. Ne reste pas seule. La dépression post-partum et le blues du bébé, on en parle ici — en toute bienveillance.

Créer du lien… même quand c’est difficile

Le lien d’attachement se construit au fil des semaines. Il ne se décrète pas, il se tisse. Et même si ton bébé pleure beaucoup, même si tu n’as pas ce “coup de foudre” immédiat, rien n’est perdu.

Les étapes de l’attachement

  • 0 à 3 mois : Bébé observe, s’apaise parfois à ta voix. Il commence à réguler ses émotions en t’observant. Tu réponds avec douceur et patience.
  • 3 à 6 mois : Il cherche ton regard, te sourit, interagit. Tu lui réponds, sans pression. Juste dans l’instant.
  • 4 à 10 mois : Il babille, il gesticule, il teste ses expressions pour entrer en contact. Tu commences à comprendre son petit langage unique.
  • 10 à 18 mois : Il pointe, rampe, t’appelle. Il utilise tout son corps pour communiquer. Et toi, tu l’écoutes… même sans mots.

Si tu as l’impression que ton bébé n’entre pas dans cette dynamique, ou reste trop passif, parle-en avec ton pédiatre. Plus tôt on agit, mieux c’est.

Quand demander de l’aide ?

Il n’y a pas de honte à tendre la main. Au contraire, c’est un acte fort de parentalité. Voici quelques signes qui doivent t’alerter :

  • Ton bébé pleure de façon incontrôlable, sans amélioration malgré tous tes efforts.
  • Il semble absent, ne réagit ni aux bruits, ni au toucher.
  • Tu te sens dépassée, déprimée, voire indifférente face à lui.
  • Tu as vécu une grossesse ou un accouchement traumatisant, ou tu es seule pour tout gérer.

Ton médecin, ton sage-femme, ton PMI locale ou un psychologue spécialisé peuvent t’aider à y voir clair. Ne minimise pas ton épuisement.

Et si c’étaient des coliques ?

La fameuse bête noire des jeunes parents. Les coliques touchent 1 bébé sur 5. Le bébé pleure souvent en fin de journée, se cambre, a le ventre dur, serre les poings, replie les jambes… et rien ne semble le soulager.

Pas de remède miracle, mais quelques pistes :

  • Mylicon ou eau de fleur d’oranger (parle-en à ton médecin)
  • Massage doux du ventre, dans le sens des aiguilles d’une montre
  • Portage en écharpe, bercements rythmés
  • Changer ton alimentation si tu allaites (évite produits laitiers, chou, oignon, etc.)
  • Tisane au fenouil pour bébé (sur avis médical)

Et surtout… de la patience, beaucoup de patience. Note sur un calendrier les jours difficiles : ça te rappellera que ce n’est qu’un passage.

Tu n’es pas seule

Voici quelques ressources utiles si tu te sens à bout :

  • Pédiatre ou PMI locale : pour évaluer bébé et t’orienter si besoin
  • Groupes de mamans ou forums de soutien : tu verras que d’autres vivent la même chose
  • Ateliers “pleurs du nourrisson” dans certaines maternités ou maisons de santé
  • Numéros d’écoute : Allô Parents Bébé, 0805 827 827 (appel gratuit)

Ton bébé ne te demande pas d’être parfaite. Juste présente. Et aimante. Et même dans les pleurs, il sent que tu es là.

FAQ : Ce qu’on se demande quand bébé pleure

Combien d’heures par jour un bébé peut-il pleurer ?

Certains nourrissons peuvent pleurer jusqu’à 2 à 3 heures par jour, surtout entre 0 et 6 semaines. Passé ce seuil, il peut s’agir de coliques ou d’un autre inconfort à explorer avec un pédiatre.

Les coliques sont-elles dangereuses ?

Non, les coliques ne sont pas dangereuses, même si elles sont très éprouvantes. Elles finissent généralement entre 3 et 4 mois. En attendant, des astuces simples peuvent soulager bébé.

Faut-il laisser un bébé pleurer ?

Non, surtout durant les premiers mois. Les pleurs sont son seul moyen de communication. Répondre à ses besoins rapidement favorise un lien de confiance et diminue les crises.

Mon bébé pleure sans raison : que faire ?

Teste les 5S du Dr Karp (bercement, bruit blanc, succion, emmaillotage…). Et si ça ne suffit pas, fais-toi aider. Tu n’es pas seule, et ton bébé ne te rejette pas.