Ceux qui me restent de Laurent Bonneau et Damien Marie

Par Sid-Ahmed Bachiri
Modifié le
Lecture: 2 minutes
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Bamboo
Ceux qui me restent



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Florent a perdu sa femme beaucoup trop jeune.

Il a tenté d’élever seul sa trop petite Lilie, maladroitement ou certainement pas assez.

 

 

Et Florent et sa fille se sont perdus à leur tour. Elle l’a laissé encore plus seul pendant 20 ans. Aujourd’hui, à 70 ans, il n’a qu’un souhait, il veut la retrouver avant de mourir ; sa Lilie qui vient maintenant le voir presque tous les jours, mais qu’il ne reconnaît plus.

La maladie lui vole la mémoire pour le laisser toujours plus seul. Alors il cherche sans relâche, en vrac, dans les bribes de trop vieux souvenirs… Florent n’abandonnera plus ; un voyage en Alzheimer.

 

La maladie d’Alzheimer est une maladie qui fait peur, imaginer qu’un jour on ne pourrait plus reconnaître ceux que l’on aime est terrifiant. On peut facilement imaginer la détresse du malade et de sa famille.

 

Pourtant le pari de raconter ce combat contre l’oublie en BD n’était pas gagné, comment imager une perte de mémoire ? Comment représenter l’impuissance face à cette maladie ?

Laurent Bonneau et Damien Marie réalisent un travail magnifique sur le sujet, avec assez peu de texte, juste avec les dessins et la mise en couleur (qui mérite à elle seule la lecture de cet album) ils parviennent à nous faire comprendre ce que peut ressentir Florent.



Ce personnage est, en plus du traitement graphique, le point fort de cette histoire, il est touchant dans sa quête de retrouver le souvenir de sa fille mais aussi torturé par un passé où il n’a pas été à la hauteur dans son rôle de père.

Les époques et les faits se mélangent dans sa tête donnant lieu à des flash-back parfaitement mis en image. Le découpage et les changements de couleur des fonds nous permettent à la fois de suivre son histoire mais aussi de nous perdre dans les méandres de sa mémoire. C’est là où le scénario de Damien Marie prend toute sa mesure, les émotions des personnages, des personnages normaux frappés par un destin que nous pouvons tous rencontrer, sont subtilement décrites, de manière pudique avec une grande exactitude.

 

Édité chez Bamboo dans la collection « Grand angle » l’ouvrage bénéficie d’une réalisation très soignée mettant le travail des auteurs en valeur.

 

Difficile de ne pas être ému par cette BD, partant d’un sujet grave Laurent Bonneau et Damien Marie aboutissent à un superbe récit, d’une grande justesse. Une histoire touchante qui résonne en nous, un superbe témoignage sur ceux qui luttent contre l’oubli.

 

Ma note : 8,5/10